Review and interview by Antoine Perraud and Faiza Zerouala for Mediapart, January 8th, 2019.
The Lebanese writer Hoda Barakat, captures the torments of refugees, their exile, their dispossession and the challenge posed to our societies, in an original and powerful epistolary novel, Courrier de nuit (Actes Sud). A serious and essential encounter.
She wanted to honor our appointment despite a horrible seasonal cold (we hear it once or twice coughing, despite the cuts, in the video …): serious, reliable, thoughtful, owner of a tense handwriting, filled with contained emotions, such is Hoda Barakat. Born in 1952 in Lebanon, settled in Paris since 1989, teaching in the United States, the novelist returns with a sixth book: The night post (Actes Sud / Sindbad).
Six letters to express the unspeakable… The night post evokes the wandering, the sadness and the suffering of those who are forced into exile or flight. These refugees decide to shed some weight and express themselves. Women or men, they lay down on paper their torments, in full subjectivity.. These half-confessions, which, while they expose their authors, still attempt to deceive reality, are messages in a bottle desperately thrown to the mother, the father, the lover, a brother …
None of these missives will ever reach their destination and this is not the purpose of the exercise. They end up in a garbage bin, hotel room or an airport. Each letter is found by a different character who then decides to follow in the footsteps of the preceding and to give him/herself up, in a fleeting moment, in this suspended time; we do not know where, before we do not know what …
Hoda Barakat writes in Arabic, a parsimonious, refined, Arabic which however welcomes the language of crooners such as Abdelhalim Hafez or Farid El Atrache, whose melodies accompany this wandering. This is a meeting with a writer of her time, with well weighted words and precious reflection.
Watch the video on Mediapart’s website or on Youtube.
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L’écrivaine libanaise Hoda Barakat, dans un roman épistolaire original et puissant, Courrier de nuit (Actes Sud), se saisit des tourments des réfugiés, de leur exil, de leur dépossession et du défi ainsi posé à nos sociétés. Rencontre grave, essentielle.
Elle tenait à honorer notre rendez-vous en dépit d’un gros rhume saisonnier (on l’entend une ou deux fois tousser, malgré les coupes, dans la vidéo…) : sérieuse, fiable, réfléchie, pratiquant une écriture tendue, gorgée d’émotions contenues, telle est Hoda Barakat. Née en 1952 au Liban, installée à Paris depuis 1989, enseignant aux États-Unis, la romancière revient avec un sixième ouvrage : Courrier de nuit (Actes Sud/Sindbad).
Six lettres pour exprimer l’indicible : « Je t’écris pour tromper l’attente. J’ignore comment se comportent les gens qui attendent. » Courrier de nuit évoque l’errance, la tristesse et les souffrances de ceux qui sont contraints à l’exil ou à la fuite. Ces réfugiés décident de se délester de quelques poids et de les exprimer. Femmes ou hommes, ils couchent sur le papier leurs tourments, en toute subjectivité et reconstruction mémorielle. Ces demi-confessions, qui continuent de ruser avec le réel tout en se mettant à nu, sont des bouteilles jetées à la mère, au père, à l’amant, à un frère…
Aucune de ces missives n’arrivera jamais à destination et ce n’est pas le but de l’exercice. Elles échouent alors dans une poubelle, une chambre d’hôtel ou un aéroport. Chaque lettre est trouvée par un personnage qui décide d’emboîter le pas au précédent et de se livrer à son tour, dans un moment fugace, dans ce temps suspendu ; on ne sait où, avant on ne sait quoi…Hoda Barakat écrit en arabe, un arabe tenu, travaillé, peaufiné, qui accueille cependant la langue des crooners Abdelhalim Hafez ou Farid El Atrache, dont les mélodies accompagnent cette errance. Rencontre avec une écrivaine de son temps, au verbe pesé et à la réflexion précieuse.