An interview conducted by William Irigoyen, for La Cite, published in November 2015.
A few excerpts below in the French original, and in English.
Photo credit: Samih Zaatari, La Cite.
Thus summed up in its broad lines, the story would present only little interest, if it did not give a new opportunity to the author to dissect this society he knows so well, and the flaws of which he loves depicting: corruption (“At the time of the elections, the rich were buying people’s votes; people wondered how they could have amassed such fortunes”); money that allows everything.
Book after book, Jabbour Douaihy dives into the depths of Lebanon plagued by latent violence where each seemingly innocuous event can reignite the smoldering fires of war. The country of the Cedar, once touted for its confessional mosaic, increasingly looks like an unpinned grenade. Dreaming of a harmonious future, in these conditions, is a true achievement. As is attempting to individually find a way out of this madness. One must still find a solution: for Abdel-Karim like for Ismail, the solution lies in evasion, another point in common between the two men. Geographic escape for one, “religious” for the other. Although the latter adjective is not accurate, as the devious preachers of armed struggle against the “infidels”, the “crusaders”, the “jews”, only think of using the followers of a peaceful spiritual quest to violent purposes. Like other kids his age, Ismail understands this all too late, once taken to another country in order to accomplish what others have decided for him. Will he escape his fate? This is one of the many questions posed by Jabbour Douaihy, the last novel of which has a strength that many documentarians who have worked on the issue of regimentation would envy.
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Ainsi campée dans ses grandes lignes, l’histoire présenterait peu d’intérêt si elle ne donnait pas une nouvelle occasion à son auteur de disséquer cette société qu’il connait si bien et dont il aime tant radiographier les travers: la corruption évoquée ici au détour d’une phrase (“A l’heure des élections, les riches achetaient les voix des habitants; des riches dont on se demandait comment ils avaient pu amasser de telles fortunes”); l’argent qui permet tout.
Livre après livre, Jabbour Douaihy procède à une plongée souterraine dans ce Liban rongé par une violence latente où chaque évènement apparemment anodin peut venir rallumer les feux mal éteints de la guerre. Le pays du Cèdre, autrefois vanté pour sa mosaïque confessionnelle, ressemblerait de plus en plus à une grenade dégoupillée. Rêver du futur harmonieux, dans ces conditions, relève de l’exploit. Tenter individuellement de s’en sortir aussi. Il faut tout de même trouver une solution: pour Abdel-Karim comme pour Ismail, c’est la fuite, autre point commun entre les deux hommes.
Fuite géographique pour l’un, “religieuse” pour l’autre. Encore que ce dernier adjectif soit mal choisi, tant les sournois prédicateurs de la lutte armée contre les “infidèles”, les “croisés”, les “juifs”, ne songent qu’à utiliser à des fins violentes les adeptes d’une paisible quête spirituelle. Comme d’autres gamins de son âge, Ismail comprendra tout cela bien tardivement, une fois conduit dans un autre pays afin d’y accomplir ce que d’autres ont décidé pour lui. Pourra-t-il échapper à son destin? C’est l’une des nombreuses questions posées par Jabbour Douaihy dont la force du dernier roman ferait pâlir d’envie de nombreux documentaristes ayant travaillé sur la question de l’embrigadement.