Photo credit: La Croix
We who, in the late 1970s, retreated, fleeing to Paris, during a first war, civil war among other things, which devastated Beirut and Lebanon as a whole, with its share of violence, where mere membership to a given community transformed men into targets. We who, today watch today in shock the tearful faces, sadly familiar to us, of the victims’ parents who have fallen simply they were there, a mother or a friend who seeks to understand, who cannot admit, and who, with the lack of a response, and given the impotence of the public authority, fold their sadness onto their heart. We who, in these times, and in response to the unsustainable slaughter of the innocents, look for a strong way, surprise ourselves as we seek total war, to let ourselves be dragged into the abyss of blind retaliation, in this balance of terror into which the barbarians of the century are pulling us, but who, as soon as we awaken from our panic and from hell, pray that France, in this real war, does not give in to hatred, does not lose what we have always looked for in it, does not narrow its scope of values that we seek for ourselves as a refuge, sometimes geographical, when the exclusion is on the rise in our region and threatens diversity, minorities, freedom, however relative it is, when ourselves drift towards rejection and intolerance. We who face the human landscape of our cities, oscillating between misery and Islamist jihadism, and receive daily bloody jolts from this huge field of ruin and death, the breeding ground of terrorism that neighboring Syria has become. We who with a much more brief media treatment of suicide bombings, look on the screens of our multiple TV channels through the images of the mangled bodies of the victims and dazed babbling of those who do not know why they stayed alive. We who have followed, downhearted, live, who have seen again and again, so many times the images and films of the Friday November 13th’ events, we have indeed felt the attacks of Paris were for us a deep stab in the back, both military and psychological.
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Paris à Revers
Nous qui, vers la fin des années 1970, nous sommes repliés, en fuite, sur Paris, lors d’une première guerre, civile entre autres, qui a ravagé Beyrouth et tout le Liban, avec son lot de violences où leur seule appartenance communautaire transformait les hommes en cibles. Nous qui fixons aujourd’hui avec effroi les visages éplorés, mais combien malheureusement familiers pour nous, des parents de victimes tombées simplement parce qu’elles étaient là, mère ou ami qui cherchent a comprendre, qui ne peuvent pas admettre, puis qui, en l’absence de réponse, devant l’impuissance de l’autorité publique, plient leur tristesse sur leur cœur. Nous qui, sur le coup, en réponse a l’insoutenable massacre des innocents, penchons pour la manière forte, nous surprenons à vouloir la guerre totale, à nous laisser entraîner au fond du gouffre de la riposte aveugle, dans cet équilibre de la terreur où nous attirent les barbares du siècle, mais qui, une fois un peu revenus de la panique et de l’enfer prions pour que la France, dans cette véritable guerre, ne cède pas a la haine, ne perde pas ce que nous avons toujours cherché en elle, ne rétrécisse pas ce périmètre de valeurs que nous nous proposons à nous-même comme refuge, parfois même géographique, quand l’exclusion a le vent en poupe dans nos régions et qu’elle menace la diversité, les minorités, la liberté, toute relative qu’elle soit, quand nous-mêmes chavirons vers le refus et l’intolérance. Nous qui affrontons le paysage humain de nos villes oscillant entre misère et djihadisme islamiste de malheur, et recevons au quotidien les secousses sanglantes provenant de cet immense champ de ruine et de mort, ce vivier de terroristes qu’est devenue la Syrie voisine, nous qui, avec un traitement médiatique bien plus sommaire des attentats suicides, regardons sur les écrans de nos multiples chaines de télévision défiler les images des corps déchiquetés des victimes et le balbutiement hébété de ceux qui ne savent pas pourquoi ils sont restés en vie. Nous qui avons suivi, abattus, en direct, qui avons vu et revu tant de fois les images et les films des attentats du vendredi 13 novembre, nous avons bel et bien senti que les attaques de Paris ont été pour nous une prise à revers, un profond coup de poignard dans le dos, militaire et moral.